Ciné-Corps et le service culturel de l'Université Rennes 2 présentent
L'alphabet et la physicalité
À partir de 12 ans
Durée : 1h30 environ - projection + échange
Tunisie, Palestine, Egypte, Liban, Jordanie, une sélection de films de danse d’artistes des pays arabes à l’encontre de nos imaginaires et à la rencontre d’une poésie ancrée dans le monde contemporain. Programmation Virginie Combet (Ciné-Corps), Rami Al Rabih (Festival Raksa), Sarah Dessaint. Un échange avec le public et des invité.es suivra la projection des films.
"Abjad Ḥawaz" de Hadi Moussally, 5 minutes, 2025, Espagne
Abjad Ḥawaz (أبجد هوز) tire son nom de l’ancien ordre de l’alphabet arabe. À travers le corps de Salma Zahore, chaque lettre est dansée et incarnée dans les ruines de Barcelone. Mêlant mode, musique, poésie et performance, le film réhabilite une langue souvent crainte et incomprise, la transformant en une célébration de l’identité, de la résilience et de la liberté artistique.
"Belia" d’Eman Hussein, 2021, 9 min, Egypte
Une jeune femme et ses amis intègrent un garage automobile comme apprentis Belia, pour se former au métier auprès des maîtres artisans. Ils explorent ce que cette relation engendre, en fusionnant le travail avec les rythmes quotidiens de la vie, ouvrant ainsi un nouvel espace au mouvement.
« Le film est né d’un rêve que j’avais de devenir moi-même une Belia. Pendant une année entière, j’ai travaillé avec Ustaz Amr, le propriétaire d’un garage du Vieux Caire. Ses gestes, ses habitudes et ses rituels quotidiens m’ont profondément inspirée et ont remis en question ma compréhension de ce que peut être le mouvement. Je voulais déplacer la danse contemporaine en dehors des studios et des théâtres, et explorer de nouvelles logiques du mouvement à travers le travail et le corps. Le résultat est un court-métrage qui mêle danse et documentaire, et qui réunit danseurs, outils, machines et physicalité de la vie laborieuse. » Eman Hussein
"Laaroussa" de Selma et Sofiane Ouissi, 12 minutes, 2012
La poterie de Sejnane prend forme grâce à des techniques ancestrales transmises de génération en génération. Les potières extraient l’argile de la terre, broient des briques, pétrissent et moulent. Entre leurs mains, l’argile devient poupées, cuillères et assiettes. Au cours d’ateliers, Selma et Sofiane Ouissi, duo chorégraphique, ont recueilli leur propre matériau pour créer une forme originale de chorégraphie, mettant en scène les gestes des potières à l’état brut. Ainsi, ils ont développé un véritable processus d’écriture chorégraphique, comme un alphabet gestuel, qui leur permet d’explorer les résonances poétiques du mouvement entre travail et danse. À partir de ces portraits gestuels, la réalisatrice Cécile Thuillier, le monteur Nicolas Sburlati et le concepteur sonore David Bouvard ont créé un film poétique, entièrement conçu in situ.
"Athaar" de Zara Naber, 5 minutes, 2021, Jordanie
Athaar (ruines en arabe) est une histoire sur les identités que nous créons, adoptons et rejetons alors que nous remettons en question les constructions traditionnelles de la liberté. Le monde occidental a objectivé la notion de liberté comme sienne — aujourd’hui, la liberté n’est pas arabe, mais américaine, européenne, occidentale. En tant qu’immigrants, les identités que nous adoptons dans nos pays d’origine entrent souvent en conflit direct avec les identités que nous cherchons à créer dans notre nouveau pays. Nos émotions oscillent entre nostalgie, peur et un désir ardent de libération. Bien que la notion de liberté soit un concept hautement diffus, cette histoire vise à démanteler la notion occidentale de liberté, non pas pour en créer une nouvelle, mais pour révéler la superficialité de sa construction.
"A song for many women" de Muyassar Kurdi, 2018, 9 min 30, USA
A song for many women est un film expérimental de danse en 16 mm qui explore la gravité, la perception et la subtilité. Inspirée par le poème A Song for Many Movements d’Audre Lorde, écrit pour l’activiste sud-africaine Winnie Mandela, cette œuvre capte la résilience d’une femme dans l’après-guerre et la destruction.
"Le coq" de Chadi Younes, 7min, 2023, Liban
« Dans notre quartier vit un coq. Dans notre quartier vit un coq sadique qui tue ! ». Basée sur le poème Al Deek (Le Coq) de Nizar Qabbani, et créée en réponse à l’explosion du 4 août à Beyrouth, cette création dansée expérimente la forme baladi pour dépeindre le parcours d’un dictateur. Le film aborde le côté sombre du pouvoir à travers l’histoire de l’ascension d’une enfant innocente vers le pouvoir, de sa relation avec le féminin et rapport intime à l’inévitable déchéance.
"Roman Clip" du groupe de Mashrou' Leila, 2019, Liban
La vidéo joue délibérément avec l'intersection du genre et de la race en mettant en avant une coalition de femmes arabes et musulmanes, stylisées de manière à sur-accentuer leur origine ethnique, un procédé généralement utilisé par les médias occidentaux pour les victimiser. L'objectif est de perturber le récit dominant du féminisme hyper-sécularisé qui se présente de plus en plus comme incompatible avec l'Islam et le monde arabe, et de célébrer les différentes formes de féminisme au Moyen-Orient. La vidéo cherche également à renverser la position des musiciens (masculins) en tant que héros de l'histoire, non seulement en les soumettant au regard (féminin) de la réalisatrice, mais aussi en les représentant comme des individus qui prennent littéralement un rôle secondaire alors que la coalition avance. Ainsi, bien que les paroles des couplets abordent la trahison, la lutte et le conflit, la vidéo se concentre sur le pivot lyrique du refrain : 'aleihum (à l'assaut !), traitant l'oppression non pas comme une source de victimisation, mais comme un terreau fertile d'où la résistance peut être armée.
"Warsha" de Dania Bdeir, 15minutes, 2021, Liban
Mohammad travaille sur un chantier de construction à Beyrouth. Ce jour-là, quelque chose le pousse à se porter volontaire pour conduire la grue la plus haute et la plus dangereuse du Liban.