Née en Ukraine, Olga Dukhovna se forme à l'école P.A.R.T.S (Bruxelles) d'Anne Teresa De Keersmaeker puis du Centre National de Danse Contemporaine (Angers) sous la direction d'Emmanuelle Huynh. Elle s'installe en France et entame une collaboration intensive avec Boris Charmatz. Elle mène en parallèle sa propre recherche.
En tant que chorégraphe, elle se situe à la croisée de courants artistiques a priori incompressibles, mais dont elle se plaît à explorer les chocs créatifs et autres collisions inattendues : d'une part un folklore ukrainien perdu, effacé par le régime soviétique, dont elle revisite les mouvements, d'autre part un héritage de la danse contemporaine qu'elle a découvert durant ses études en Belgique puis en France. De cette rencontre improbable naissent trois pièces - Korowod (2012) d'après les danses traditionnelles slaves, puis le diptyque Hopak (2024) et Crawl (2025), inspirés de l'entraînement militaire des Cosaques. Mettant à nu ces gestes ancestraux pour mieux en questionner le sens, elle les rejoue en les chargeant d'une troublante portée politique.
De sa collaboration avec le Musée de la danse de Boris Charmatz, elle a gardé une réflexion sur ce qu'elle appelle le recyclage et qui est assurément l'un des fils conducteurs de son travail : comment s'approprie-t-on, transforme-t-on des gestes puisés dans une mémoire collective de la danse mondiale ? La conférence dansée Un spectacle que la loi considère mien est le premier opus né de sa recherche juridique.
Elle a créé Swan Lake, un solo entièrement monté dans sa chambre pendant le confinement en visionnant des extraits du Lac des cygnes sur Youtube. Depuis 2022, Swan Lake solo connaît un succès fulgurant et a entamé une tournée internationale. Le point de départ de la pièce est un souvenir d'enfance : quand elle était petite, dans les pays de l'ex-bloc soviétique, à chaque fois qu'un dirigeant mourait, les programmes étaient interrompus pour diffuser Le Lac des cygnes. Elle explique aujourd'hui danser Swan Lake solo en attendant qu'on lui annonce la chute du gouvernement russe de Vladimir Poutine.
Cette logique inversée, qu'elle nomme avec autodérision pensée magique, est une autre ligne de force de sa recherche chorégraphique. Habitée par un énergie vitale insolente, la danse d'Olga Dukhovna porte des récits oubliés ou mutilés au défi de l'Histoire. Elle porte aussi la conviction que, si une culture disparaît, il revient aux artistes de la réinventer.
Olga Dukhovna a été lauréate de la Bourse DanceWeb (Autriche), de la plateforme Aerowaves (Dublin) et du concours Danse Élargie (Paris). Pendant 2 ans (2023-24) , elle a été artiste associée au Théâtre Louis Aragon de Tremblay-en-France. Olga est soutenue par la DRAC Bretagne au titre du conventionnement. Passionnée par les questions de transmission, elle enseigne à l'Université de Rennes. Ses projets sont portés par la structure de production C.A.M.P.